Face au problème actuel de l’accroissement de la population mondiale, qui atteindra les 9,7 milliards de personnes en 2050 selon les estimations des Nations Unies [1], l’agriculture a et aura un rôle prépondérant afin de relever ce défi de taille auquel nous faisons face. Dans la décennie à venir, la productivité agricole moyenne devra augmenter de 28% “pour atteindre à l’échelle planétaire l’Objectif de développement durable Faim zéro”, selon les Nations Unies et l’Organisation de Coopération et de Développement Économique [2]. Mais cette hausse de la productivité aura aussi des conséquences pour le climat, notamment au niveau de la pollution des sols, mais aussi de la consommation d’eau et de nourriture. En effet, près d’un quart des émissions de gaz à effet de serre mondiaux sont dus à la production agricole, en incluant la déforestation qui sert principalement à exploiter de nouvelles terres à des fins agricoles [3].
Les agriculteurs, qui endossent la responsabilité de nourrir tout ce monde, doivent ainsi repenser leurs méthodes de production afin de répondre à ces enjeux. Ils pourraient recourir à certaines techniques agricoles, telles que l’agroécologie ou encore la permaculture. L’agroécologie regroupe l’ensemble des méthodes de production agricoles respectueuses de l’environnement. La permaculture quant à elle, est un mode d’agriculture fondé sur les principes de développement durable, se voulant respectueux de la biodiversité et de l’humain et consistant à imiter le fonctionnement des écosystèmes naturels.
Les agriculteurs pourraient aussi opter pour une numérisation de leurs activités, dans l’objectif de cultiver plus et mieux.
Dans cette numérisation, l’intelligence artificielle apparait comme un outil. Les diverses applications technologiques au monde agricole facilitent le travail des agriculteurs et optimisent le rendement de leur production. Elle permet, entre autres, un dosage plus juste et ciblé des engrais et pesticides, d’identifier plus rapidement les maladies présentes dans les récoltes, de réduire la pénibilité au travail. Selon la firme Facts & Factors, le marché de l’intelligence artificielle en agriculture atteindra 4 milliards de dollars à l’horizon 2026 [4].
Dans le cas particulier de l’intelligence artificielle appliquée à l’agriculture, nous pouvons par exemple citer l’adaptation des récoltes en fonction de la maturité des légumes/fruits à l’intérieur d’une même parcelle, ou encore optimiser l’usage des intrants (herbicides, pesticides, engrais, etc...) sur une parcelle. Des pulvérisateurs de haute précision capables de sélectionner et d’appliquer localement le traitement au type de plante sont par exemple déjà commercialisés.
L’agriculteur peut aussi utiliser des modèles prédictifs pour optimiser l’irrigation, à partir d’informations sur l’état hydrique et géologique des sols, la météo à venir et le type de plantation. L’utilisation de drones s’avère très efficace pour cartographier une parcelle, faire un état des plantations et intervenir pour traiter des cultures [5].
D’autre part, l’intelligence artificielle peut aussi intervenir dans les filières d’élevage. Les cas d’usage portent le bien-être animal ou la productivité. D’un côté, des robots de traite détectent les problèmes de santé des bovins au niveau des mamelles. De l’autre, la récolte d’informations tout au long de la vie de l’animal permettra d’anticiper les baisses de production laitière.
En définitive, les agriculteurs gagneraient davantage à utiliser d’autres méthodes de production agricole s’ils veulent répondre encore plus rapidement et efficacement aux problématiques planétaires qui les incombent. Le numérique pouvant faire partie des options à intégrer. En parallèle à cela s’ajoute la prise de conscience des citoyens sur leur mode de consommation. Ils doivent eux aussi modifier leurs habitudes afin qu’un véritable changement s’opère pour protéger les sols, l’air, les ressources naturelles et le vivant.